Crédits Est Ensemble / Cyril Entzmann
Jérémie Fischer est un illustrateur qui a réalisé le visuel du Mois de la Petite Enfance 2020, ainsi que les jouets destinés aux enfants qui sont dès à présent disponibles dans les bibliothèques du réseau d'Est Ensemble.
Lorsque nous lui avons proposé de pendre place parmi les « Visages du Territoire », Jérémie Fischer, auteur-illustrateur qui a aussi bien habité Toulouse, Berlin, Strasbourg que Lyon, a été quelque peu interloqué. Il nous confie cependant que ses années vécues à Montreuil entre 2011 et 2014 ont constitué un moment charnière pour son art : « je fais un peu partie, par ma création, de ce lieu », nous dit-il. C’est là en effet que, diplôme des Arts Décoratifs de Strasbourg en poche, il effectue un stage dans un atelier d’impression, fréquente le Salon du Livre de Jeunesse « lieu-phare » de son métier, et fait les premières grandes explorations de sa vie d’artiste.
L’exploration est en effet au cœur du travail de cet homme curieux qui se laisse transformer par ce qu’il vit au quotidien : atelier de médiation scolaire, résidence artistique ou promenade en nature... C’est en s’essayant à la technique du papier-découpé que son monde en « lignes et en noir et blanc » se mue progressivement en un univers coloré, « ludique », « où les formes s’agencent et s’harmonisent ». L’artiste vit d'ailleurs le collage comme un espace où « s’affranchir du dessin ». Ce sentiment de liberté, on le retrouve bien dans ses livres illustrés ou animés, où l’on entre en contact avec des « choses cachées » aux formes fascinantes « qui se révèlent » en fonction du regard.
Dans la continuité de son univers coloré, sensoriel et imaginatif, Est Ensemble a demandé à Jérémie Fischer de confectionner pour le Mois de la petite Enfance des jeux destinés aux tout-petits. Jérémie a conçu trois jouets : un diorama trois-dimensions, un puzzle en bois et des cartes transparentes superposables. L’agencement des pièces invite l’enfant à « mettre en action son corps » et à explorer les possibilités infinies de l’anamorphose : les formes floues et abstraites deviennent des animaux hybrides. « Chez les tout-petits, qui n’ont pas encore la vision précise, c’est quelque chose qui les interpelle », explique Jérémie Fischer. Ces objets sont pensés pour être durables, dans leur matériau comme dans leur puissance créative : « Je les ai volontairement laissés libres, plein de possibilités. Je ne suis pas quelqu’un qui aime les jeux aux règles fixes ».
On comprend alors bien pourquoi Jérémie Fischer s’attèle sans cesse à sortir de son cadre éditorial pour investir d’autres disciplines : jouet, bientôt chorégraphie, installations un jour… Un « travail protéiforme » qui sait parler à un territoire aux mille visages.