Michel Leclerc, la mixité pour faire société

Le film "La Lutte des classes", tourné sur le territoire d'Est Ensemble à Bagnolet, qui aborde avec finesse la thématique de la mixitié sociale à l’école, sort en salle le 3 avril 2019 et sera projeté en avant-première au Cin'Hoche le 29 mars en présence de son réalisateur Michel Leclerc, ancien bagnoletais, qui a répondu à nos questions.

Photo : Michel Leclerc devant le Cin'Hoche à Bagnolet, Est Ensemble / Hervé Boutet

Que représente pour vous votre 5e et dernier long-métrage "La lutte des classes" ?
D'un côté, c'est un film hommage à la ville de Bagnolet. Avec Baya Kasmi, nous y avons vécu heureux pendant 10 ans. J'y ai tourné Le nom des gens en 2009 et Baya, la série Le grand bazar qui sortira fin avril. De l'autre, c'est une comédie qui parle de la mixité sociale à l'école publique et qui est inspirée d'une situation que j'ai vécue en tant que parents.

Dans le film, dans un quartier populaire, suite à un incident dans l'école de secteur, les familles les plus aisées mettent leurs enfants dans le privé. Sauf Paul et Sofia, qui se retrouvent vite face à un dilemme...
Ils sont très attachés à l'école publique par convictions politiques et ils laissent sans hésiter leur fils Corentin dans l'école... sauf que Corentin ne va pas bien depuis le départ de ses copains. Paul et Sofia se trouvent dans une contradiction entre leurs convictions sincères et ce qui fait le plus peur aux parents : la violence contre leurs enfants.

En quoi la lutte des classes, qui a donné son nom au film, intervient dans cette histoire ?
Dans l'histoire, Paul est le musicien d'un groupe punk qui a eu son heure de gloire et Sofia est avocate. Ils fréquentent les familles aisées du quartier qui ont retiré leurs enfants de l'école. Pour eux, si Corentin ne va pas bien, ce n'est pas seulement à cause du départ de ses copains, c'est parce qu'il se retrouve le seul de sa classe sociale dans sa classe scolaire.... ce qui est une réalité ! ll est vu comme le fils de bourgeois. Il est le seul qui n'a pas de religion. Il est même considéré comme « le petit blanc de service », ce qui est insupportable pour sa mère, Sofia, qui est une fille de la cité de Bagnolet d'origine marocaine.                                                                                            

La lutte des classes parle donc du manque de mixité sociale à l'école publique ?
Oui. L'école républicaine ne fait société que si les différentes composantes peuvent s'y côtoyer. C'est un lieu où les enfants peuvent sortir de leur famille et rencontrer l'autre. Mais c'est de moins en moins vrai : pas mal de gamins grandissent parmi des parents qui pensent la même chose. À Bagnolet comme à Paris, vous pouvez trouver plus de mixité dans la rue que dans l'école de secteur ! Il y a un mouvement d'uniformisation des populations dans les écoles qui pose problème, d'autant plus que les rencontres entre classes sociales sont rares.

Votre film se concentre d'ailleurs sur le questionnement des parents et pas sur celui des enfants.
On montre surtout la perception des parents, qui sont dans le fantasme de ce que leur enfant vit. Dans le film, Corentin a 8 ans. Ce qui est important pour lui change d'un jour à l'autre. Pour ses parents, c'est différent : il ne va pas bien et... Tu ne peux pas laisser ton gamin aller mal !

Votre film parle avec humour d'école, d'éducation des enfants, de religion aussi. Des matières qui sont hautement...
Inflammables ! (rires)

Pourtant, à aucun moment vous ne tombez dans le jugement. Comment faites-vous ?
Avec Baya Kasmi, nous faisons un « cinéma de personnages », où une personne ne peut jamais se résumer. Nous n'aimons pas les clichés et nous ne voulons stigmatiser personne. Nous ne sommes pas là pour asséner une réponse. À chaque spectateur de se positionner.

Il y a toutefois une morale !
Oui. Ce que le film montre, c’est que le plus dramatique, ce n’est pas de penser différemment mais c’est de ne plus se parler. Quand vous faites groupe, vous pouvez avoir des idées différentes et trouver des solutions collectives.

Le Cin’Hoche, qui apparaît dans une des scènes, programmera La lutte des classes pendant trois semaines avec même une avant-première le 29 mars.
Oui ! Il y aura aussi des projections pour les élèves de l’école Jean Jaurès, où a été tourné le film. J’ai hâte de voir la réaction des spectateurs. Venez tous !

Bande annonce du film "La lutte des classes"

Bonus : découvrez la chanson « À Bagnolet » écrite pour le film par Michel Leclerc, sur une musique disco composée par Guillaume Atlan !

Retrouvez son interview dans le magazine d'avril - mai - juin 2019 

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