Costa-Gavras Apprendre du cinéma des autres

 

Octobre 2016

C’est chez lui, à Paris, que nous reçoit Costa-Gavras. Le réalisateur franco-grec et actuel président de la Cinémathèque française est le prestigieux parrain de la 5e édition du Festival du fi lm franco-arabe, au cinéma le Trianon du 4 au 15 novembre.

Comment êtes-vous devenu parrain de l’édition 2016 du Festival du film franco-arabe ?
Je connaissais le festival du fi lm franco-arabe d’origine, en Jordanie, auquel j’ai participé il y a longtemps, avec l’Institut français. Quand j’ai appris par Mouloud Achour [l’un des deux parrains de l’édition précédente, ndlr] que le festival avait été décliné par Noisy-le-Sec, j’ai trouvé que c’était une bonne idée. La qualité de la programmation et de la salle du Trianon ont fi ni de me convaincre.

Pourquoi ce festival est-il important, selon vous ?
Il est essentiel que le monde arabe fasse ses propres films. Quand j’étais jeune, les grands pays créaient non seulement l’image d’eux-mêmes mais aussi celle des autres. Selon moi, chaque pays doit faire son cinéma. Grâce à ce festival qui présente des films issus du monde arabe, on peut voir comment les gens y vivent, quels sont leurs problèmes et rencontrer, débattre avec les réalisateurs et les réalisatrices. On peut ainsi découvrir le monde arabe d’une autre manière.

Qu’entendez-vous par là ?
Je fais allusion à ce qui se passe actuellement. La presse présente souvent le plus spectaculaire, et souvent le plus négatif, du monde arabe. On oublie de dire qu’il représente des centaines de millions de personnes qui veulent vivre tranquillement. Il y a aussi le discours contre les Arabes, que je trouve inacceptable, surtout en France. Beaucoup sont immigrés, comme moi, intégrés, utiles et font partie de la société française.

Vous avez lancé votre carrière grâce au succès international de Z, un fi lm engagé, sorti en 1969 et… franco-algérien.
Mon premier rapport au monde arabe a en effet eu lieu lors du tournage de Z, à Alger, avec une production franco-algérienne. C’était peu d’années après l’indépendance. Il y avait une grande volonté de développer le cinéma et le fi lm s’est fait avec des techniciens algériens qui ont commencé ainsi. Depuis, le cinéma du monde arabe en général a évolué et donne des œuvres très intéressantes, comme Timbuktu d’Abderrahmane Sissako ou plus récemment Much loved de Nabil Ayouch, un fi lm marocain coproduit par la France, qui est le seul pays européen à réellement s’intéresser à ces films et à les financer.

Vous-même avez produit des films de réalisateurs d’origine arabe…
Oui, notamment Mehdi Charef, depuis les années 1980. Je l’avais alors repéré grâce à son très bon roman sur la jeunesse de la banlieue française. Avec ma femme Michèle, qui dirige notre maison de production à Montreuil, je l’ai convaincu d’en écrire le scénario et de tourner l’adaptation. Lui qui travaillait à l’usine, c’était son premier fi lm, intitulé Le Thé au harem d'Archimède [Prix de la jeunesse à Cannes en 1985 et César de la meilleure première œuvre en 1986, ndlr].

Vous avez également produit Maintenant, ils peuvent venir, l'un des films à l’affiche du festival. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est le premier long-métrage de Salem Brahimi, qui a été mon assistant à ses débuts. Le fi lm parle de l’Algérie pendant les années noires, dans les années 1990, une période très dure. C’est un beau scénario, de qualité, à découvrir en avant-première lors du festival du film franco-arabe. 

Retrouvez son portrait dans le magazine n°28

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