Hawa Dramé, esprit start-up

Avec son association Time2start, installée à la pépinière Atrium d'Est Ensemble, à Montreuil, Hawa Dramé accompagne les habitants des quartiers populaires qui ont un projet d'entreprise innovante.
> Time2start

Pouvez-vous nous présenter l'association Time2start que vous avez créée en 2016 ?
Time2start aide les entrepreneurs innovants issus des quartiers populaires en les formant à la création de leur start-up. Pendant six mois, nous les aidons à passer de l'idée à la réalisation avec une méthodologie originale.

En quoi consiste cette méthodologie ?
Le porteur de projet doit acquérir une expérience de terrain en rencontrant des clients et des fournisseurs potentiels ou tout autre contact pertinent sur le marché qu'il vise. En parallèle, nous mettons à sa disposition une plateforme d'e-learning pour monter étape après étape son projet, des sessions de coaching en groupe, des ateliers au sein d'entreprises partenaires et nous utilisons le jeu pour mettre en situation le porteur de projet face aux challenges qu'il rencontrera. Nous misons à la fois sur l'engagement individuel et l'intelligence collective pour que les entrepreneurs testent leurs projets innovants face à la réalité.

Avez-vous des exemples d’entreprises créées ?
Je peux citer des exemples des dernières promotions Time2start, comme Botaki, une start-up de jeux connectés sur le jardinage et les plantes pour les 6-9 ans, Expanders, une plateforme numérique de conseil aux PME, et Moukda Production, une société de production audiovisuelle.

Pourquoi recrutez-vous spécifiquement des candidats des quartiers populaires ?
Avant tout pour le potentiel existant, nous sommes conscient de l'énergie et de la créativité qui se dégagent des quartiers et ça nous donne envie de bosser avec ces profils. Pour monter une start-up, il faut mobiliser un réseau et trouver des financements, notamment auprès des grands groupes. Le but de Time2start est de créer ce réseau dont le manque est criant pour les porteurs des quartiers populaires et de casser la ligne qui les sépare des grands groupes. Les candidats à notre formation ne sont pas sélectionnés sur leur CV ou leur âge mais sur leur motivation et leur capacité à faire. Nous recrutons sur le terrain, sur les réseaux sociaux, avec les missions locales et Pôle emploi. Les candidats s'inscrivent en ligne et passent un premier entretien, ce qui nous permet de comprendre leur besoin et de leur expliquer ce qu'on attend d'eux, puis un comité sélectionne les dossiers qui semblent le mieux convenir à notre méthode.

Ce projet vous tient particulièrement à cœur....
Je donne beaucoup de moi car je viens de ces quartiers. Je suis née et j'ai grandi dans le 93, j'ai envie de montrer que la réussite vient aussi des quartiers, qu'on y arrive peu importe d'où l'on vient. Mes parents ouvriers sont arrivés en France dans les années 80, immigrés mauritaniens, ils ont toujours travaillé. Ils m'ont inculqué la valeur du travail et m'ont poussé à me surpasser, à faire des études, à apprendre et à essayer. Durant ma licence éco-gestion à Créteil, l'un de mes anciens professeurs m'a proposé de profiter d'une passerelle vers l'ESCP-Europe [une des grandes écoles de commerce parisiennes, ndlr]. C'était le déclic. J'ai passé une année de mise à niveau avant d'intégrer l'école. J'ai découvert la culture du réseau, j’ai étudié à l’étranger. J'ai eu mon master management grande école, avec une spécialisation entrepreneuriat social. J'ai réalisé un mémoire sur l'entrepreneuriat issu des quartiers populaires, grâce auquel j’ai découvert la mixité des profils et les dispositifs d’aide à la création d’entreprise, les pépinières, etc.

Quand avez-vous franchi le pas pour travailler dans ce domaine ?
En 2013. J’avais été recrutée en fin d’études par Schlumberger [multinationale du secteur pétrolier, ndlr] mais je suis partie au bout d'un an alors qu’on me proposait un poste à Londres. Je sentais que c'était le moment, je voulais agir en faveur de l’entrepreneuriat des quartiers et j’ai finalement repéré un projet qui m’intéressait. J’ai provoqué une rencontre avec son initiateur, Thomas Fellbom, et il m’a associé à ses académies Yump, notamment à Pantin, qui avaient pour objectif déjà d’aider les porteurs de projet des quartiers populaires. C'est avec lui que j'ai fondé par la suite Time2start en 2016.

Vous vous reconnaissez dans les porteurs de projet que vous aidez ?
Quand on vient des quartiers, on sait qu’on doit cravacher, il ne faut pas hésiter à toquer aux portes, à tenter des choses et grandir avec ses réussites ou ses échecs. On m'a donné une chance. On m'a fait confiance et ça m'a donné confiance en moi. J’ai envie de faire arriver à d’autres personnes ce qui m’est arrivé. C’est à mon tour de donner cette confiance.

Retrouvez son portrait dans le magazine n°36 d'Est Ensemble

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