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Publié le 22 Septembre 2020

Portrait de Virgil Vernier, Grand prix du festival Côté court 2020

Virgil Vernier, lauréat du Grand prix André S. Labarthe du festival Côté court 2020, est venu le 18 septembre présenter son film Sapphire crystal au Ciné 104 à Pantin. Portrait de ce réalisateur à la frontière entre documentaire et fiction.

Virgil Vernier devant le Ciné 104 après la présentation de son film. Photo Est Ensemble / Cyril Entzmann

« J’essaie de créer une nouvelle manière de filmer ». Virgil Vernier est le lauréat du Grand prix André S.Labarthe du festival Côté Court 2020 (festival dédié aux films courts qui a lieu tous les ans au Ciné 104). Une édition particulière qui comme beaucoup d’événements cette année a dû se dérouler entièrement en ligne, mais dont tous les films lauréats ont été présentés le 18 septembre au Ciné 104 d’Est Ensemble à Pantin. Cet autodidacte né à Paris commence par des études aux beaux-arts, qu’il abandonne pour le cinéma « J’ai découvert le cinéma sur le tard, vers 18-20 ans par ma copine ».

Passionné, il se lance et réalise son premier court-métrage à 21 ans, Karine, « sans production, sans argent, plutôt tout seul. » : plusieurs portraits croisés étonnants et poétiques de jeunes de banlieue, avec très peu de moyens et sans grosse équipe. Le cinéma de Virgil Vernier se situe en effet à la frontière entre la fiction et le documentaire : « Je ne demande pas à des acteurs de jouer, je propose à des gens réels de jouer leur propre rôle. J’essaie d’inventer une nouvelle manière d’y croire » explique-t-il.

À la recherche de nouveaux territoires à explorer

Il réalise plusieurs autres courts-métrages, puis en 2010 il rencontre un producteur avec lequel il apprend à travailler avec des équipes et des contraintes économiques, et se rapproche davantage encore du documentaire. Il réalise ses premiers longs-métrages et tourne notamment Commissariat, le portrait de jeunes policiers affectés au commissariat d’Elbeuf. Toujours à la recherche de nouveaux territoires à explorer, Virgil s’associe en 2019 au producteur Jean des Forêts et s’intéresse aux ultra-riches. « L’hyper-richesse fascine beaucoup de gens dans la culture populaire, et ça m’a paru intéressant de travailler sur la façon dont cette image est vécue par ces gens. »

C’est lors d’un séjour à Genève où il donne des cours dans une école de cinéma que le déclic a lieu. Il décide de rechercher dans cette ville, une des plus riches d’Europe, les boîtes de nuit où sort la jeunesse dorée et les contacte via Instagram, en leur proposant de tourner leur propre rôle dans un film. Plusieurs jeunes acceptent, bien qu’il leur précise que le propos sera aussi critique, et c’est ainsi que naît Sapphire crystal.

Le film commence dans une boîte de nuit genevoise où un petit groupe de jeunes issus de milieux très favorisés racontent leur précédente soirée où ils ont fait une « crystal shower » : faire exploser sur la foule une quarantaine de bouteilles de champagne de luxe.

« J'aime que le spectateur se fasse sa propre opinion »

Ce portrait troublant, où les acteurs jouent leur propre rôle, interroge sur ce milieu inaccessible, son rapport à l’argent et la façon dont il vit et se perçoit lui-même. Mais si le réalisateur choque parfois, il montre toujours plus qu’il ne juge « J’aime que le spectateur se fasse sa propre opinion. Je pense donner suffisamment d’informations pour que chacun réagisse. Même si à mon avis on comprend mon point de vue. ». On suit ce petit groupe de jeunes privilégiés lors d’une nuit de fête jusqu’à l’aube, des jeunes qui semblent si éloignés des autres par leur situation économique tout en restant par certains côtés si semblables.

Virgil Vernier devant le Ciné 104 après la présentation de son film vendredi 18 septembre 2020.
Photo Est Ensemble / Cyril Entzmann

Virgil nous confie préparer un long métrage sur le même thème, et termine en remerciant le jury de Côté court pour son prix : « Ça me fait  vraiment plaisir car je ne reçois pas beaucoup de prix et celui-ci est remis par un jury prestigieux (le Prix André S.Labarthe est remis par un jury de professionnels du cinéma) donc s’ils me l’ont donné c’est qu’ils ont vraiment bien aimé le film. ».

Bande annonce de Sapphire crystal, Grand prix Côté court 2020

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