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Publié le 12 Mai 2016

Les ordinateurs Thomson renaissent à Noisy-le-Sec

Disparus depuis plus de 25 ans, les ordinateurs Thomson, anciens fleurons de la technologie française, renaissent de leurs cendres. Une chaîne de production a été créée il y a quelques mois à Noisy-le-Sec, en partenariat avec l’Association des Paralysés de France.

Ils envahissaient les écoles de France au milieu des années 80 : les TO7 et MO5 de Thomson furent les premiers ordinateurs à passer entre les mains de toute une génération, dans le cadre du plan Informatique pour tous de 1985, avant que l’entreprise ne déposât le bilan en 1989.
 
L’entreprise et ses ordinateurs disparaissent alors, mais la marque Thomson Computing subsiste, dont le groupe Technicolor reste propriétaire.
 
C'est alors en 2013 que Stéphan Français, PDG du groupe SFIT, signe un contrat de licence avec Technicolor pour produire des ordinateurs sous la marque Thomson Computing.
 

Une stratégie de marque

L’exploitation de la marque Thomson résulte avant tout d’un parti pris marketing.
Du fait de son histoire, la marque Thomson bénéficie d’un taux de notoriété extrêmement élevé en France : presque tous les Français reconnaissent Thomson comme leader historique de la technologie française.
De quoi faciliter la pénétration du marché.
 
Il s’agissait en somme de bénéficier d’une marque française très porteuse afin de créer une gamme de produits informatiques innovants (tablettes, 2-en-1, PC, notebooks, disques durs et accessoires).
 
Stéphan Français évoque également un aspect plus affectif : outre qu’il a fait ses premiers pas informatiques sur des ordinateurs Thomson lorsqu’il était étudiant, son propre père a travaillé durant trente ans pour le groupe.
 

De la Chine à Noisy-le-Sec

Assez classiquement, Thomson Computing a commencé à produire en sous-traitant à des usines chinoises (notamment Foxconn, connu pour être l’un des principaux fournisseurs d’Apple).
C’est ainsi que l’entreprise a réalisé 11,6 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015.
 
Deux ans plus tard, fin 2015, une partie de la production est relocalisée en France et une chaîne de montage est créée à Noisy-le-Sec.
 
Le site de Noisy-le-Sec dispose de sa propre chaîne d’assemblage, d’une chaîne de production logicielle, ainsi que d’une chaîne de packaging.
Les composants sont pour la plupart produits en Asie, mais ils sont commandés auprès de fournisseurs français.
 
L’objectif pour 2016 est de produire 10 000 pièces avant de monter en puissance.
 
Si Stéphan Français a fait ce choix, cela n’a rien à voir avec son patronyme mais bien avec un modèle économique particulier.
Thomson se positionne en effet sur une production de faible volume et innovante, hors de la bataille du low cost.
 
L’ambition est de se faire une place sur le marché grâce à sa réactivité technologique, son offre de configuration sur-mesure et ses délais de livraison particulièrement courts.
 
- Réactivité technologique : Thomson peut mettre de nouvelles technologies sur le marché bien avant les grandes marques asiatiques et américaines, ralenties qu’elles sont par leurs énormes volumes de vente et le déploiement marketing que cela suppose.
 
- Configuration sur-mesure : Thomson a développé une plateforme de configuration intelligente (www.monpcfrancais.fr) qui permet de personnaliser entièrement l’ordinateur commandé. 
 
- Délais de livraison : grâce à sa production et à ses fournisseurs localisés en France, Thomson se fait fort d’assurer une livraison au moindre coût et sous huit jours ouvrés.
 
Au-delà de ce positionnement économique, Stéphan Français ne cache pas qu’il compte sur les effets d’un patriotisme économique, qui pourrait lui faciliter l’accès à la commande publique, notamment de l’État (ce d’autant plus qu’il a été prouvé que des produits informatiques fabriqués dans certains pays peuvent présenter des risques en matière de sécurité des données).
 

Un partenariat avec l’Association des Paralysés de France

C’est la présence à Noisy-le-Sec d’APF Entreprises, entreprise adaptée de l’Association des Paralysés de France (APF), qui a conduit Stéphan Français à choisir de produire les ordinateurs Thomson sur ce territoire.
 
En effet, l’APF propose des personnels hautement qualifiés pour subvenir aux besoins des entreprises dans un certain nombre de secteurs.
 
115 personnes handicapées travaillent ainsi sur le site de Noisy-le-Sec, dont une bonne part pour le compte de Thomson.
 
Outre la qualité des prestations d’APF Entreprises, et la dimension « solidaire » de ce choix, ce partenariat présente plusieurs avantages purement économiques : grâce au grand nombre de personnels employés par l’APF (4000 en France), il est aisé de faire évoluer les effectifs en fonction du carnet de commande ; de plus, les subventions perçues par l’APF permettent de réduire les coûts de production.
 
Ce partenariat avec APF est si structurant que, de son propre aveu, Stéphan Français n’aurait sans doute pas créé de chaîne de production en France sans lui.
 

Un ambassadeur de poids

Thomson s’est trouvé un allié d’envergure pour incarner sa marque et attendons-nous à le voir apparaître dans les prochains mois dans les campagnes de communication de l’entreprise.
 
Qui de mieux pour incarner l’excellence, la réussite (et la robustesse !) françaises qu’un champion olympique de judo ?
 
C’est dans cet esprit que Teddy Riner est devenu, fin avril 2016, actionnaire à 10 % de la société et ambassadeur de la marque.
 
Souhaitons donc à Thomson de remporter ippon sur ippon !