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Publié le 07 Novembre 2016

Festival du film franco-arabe

Du 4 au 15 novembre 2016, le cinéma Le Trianon accueille la 5e édition du Festival du film franco-arabe, parrainé cette année par le réalisateur Costa-Gavras.

Porté par la ville de Noisy-le-Sec, le Festival du film franco-arabe s’installe pour la 5e année consécutive au cinéma Le Trianon. Petit frère du festival d’Amman, en Jordanie, il met en lumière des œuvres en rapport avec le monde arabe dans toute sa diversité – et à petit prix : 3,50 € la séance.

La programmation compte près d’une trentaine de films, dont cinq en avant-première et une majorité assortis de rencontres avec les cinéastes ou les acteurs ! Outre le film The curve, qui a ouvert le festival le vendredi 4 novembre, en présence de son réalisateur jordanien Rifqi Assaf et de Costa-Gavras, parrain de l’édition (lire interview ci-dessous), voici quelques coups de cœur.

3,50 € la séance. Retrouvez tout le programme sur le site du cinéma Le Trianon.

 

À VOIR AVANT TOUT LE MONDE

Dimanche 6 novembre à 19h, en présence du réalisateur
HEDI

Un film de Mohamed Ben Attia
Tunisie, Belgique, France / Avant-première
(Sortie nationale le 28 décembre)

Ours d’or du meilleur acteur pour Madj Mastoura

Kairouan en Tunisie, peu après le Printemps arabe. Hedi est un jeune homme sage et réservé. Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place, y compris son mariage.

Mais quand il rencontre Rim, femme indépendante et libre, il est tenté de prendre sa vie en main pour la première fois. Le portrait attachant d’un Monsieur Tout-le-monde qui rêve d’une autre vie. Une métaphore, aussi, d’une Tunisie sur laquelle a soufflé un vent de liberté et qui, comme son personnage, ne sait pas toujours quoi en faire.

 

À REVOIR

Samedi 12 novembre à 18h15, en présence de la réalisatrice
10 949 FEMMES

Un film documentaire de Nassima Guessoum
Algérie, France

À Alger, Nassima Hablal, héroïne oubliée de la Révolution algérienne, nous raconte son histoire de femme dans la guerre, sa lutte pour une Algérie indépendante. Charmante, ironique et enjouée, elle nous emmène à la rencontre de Baya et Nelly, qui, comme elle, ont fait partie des 10 949 femmes révolutionnaires, d’après les statistiques officielles.

À travers ses récits, l'Histoire se reconstitue à la manière d'une grand-mère qui parlerait à ses petits-enfants. Déjà présenté lors de l’édition précédente du festival et reprogrammé avec grand bonheur cette année, cette œuvre constitue à la fois un témoignage sur l’Algérie du passé, un film sur les femmes et un récit contemporain et universel qui interroge sur la liberté et sur le prix de la liberté.

 

À ÉCOUTER

Mercredi 9 novembre à 21h, concert-projection
OUM KALSOUM

Un film documentaire de Simone Bitton
France

Oum Kalsoum, immense chanteuse égyptienne, est au cœur de ce documentaire de 1991, qui retrace la trajectoire de cette pauvre paysanne parvenue au firmament, grâce à sa voix mais aussi à sa force de caractère et à son orgueil. Elle qui parlait aux princes comme à l’homme de la rue et que l’on surnommait la « quatrième pyramide » était bien plus qu’une chanteuse ; elle était un mythe. La projection est précédée d’un concert hommage par l’ensemble Al-Adwâr, emmené par la célèbre diva marocaine Aïcha Redouane.

 

Interview du réalisateur Costa-Gavras, parrain de cette édition 2016

C’est chez lui, à Paris, que nous reçoit Costa-Gavras. Le réalisateur franco-grec et actuel président de la Cinémathèque française est le prestigieux parrain de la 5e édition du Festival du film franco-arabe, au cinéma le Trianon du 4 au 15 novembre 2016.

Comment êtes-vous devenu parrain de l’édition 2016 du Festival du film franco-arabe ?

Je connaissais le festival du film franco-arabe d’origine, en Jordanie, auquel j’ai participé il y a longtemps, avec l’Institut français. Quand j’ai appris par Mouloud Achour [l’un des deux parrains de l’édition précédente, ndlr] que le festival avait été décliné par Noisy-le-Sec, j’ai trouvé que c’était une bonne idée. La qualité de la programmation et de la salle du Trianon ont fini de me convaincre.

Pourquoi ce festival est-il important, selon vous ?

Il est essentiel que le monde arabe fasse ses propres films. Quand j’étais jeune, les grands pays créaient non seulement l’image d’eux-mêmes mais aussi celle des autres. Selon moi, chaque pays doit faire son cinéma. Grâce à ce festival qui présente des films issus du monde arabe, on peut voir comment les gens y vivent, quels sont leurs problèmes et rencontrer, débattre avec les réalisateurs et les réalisatrices. On peut ainsi découvrir le monde arabe d’une autre manière.

Qu’entendez-vous par là ?

Je fais allusion à ce qui se passe actuellement. La presse présente souvent le plus spectaculaire, et souvent le plus négatif, du monde arabe. On oublie de dire qu’il représente des centaines de millions de personnes qui veulent vivre tranquillement. Il y a aussi le discours contre les Arabes, que je trouve inacceptable, surtout en France. Beaucoup sont immigrés, comme moi, intégrés, utiles et font partie de la société française.

Vous avez lancé votre carrière grâce au succès international de "Z", un film engagé, sorti en 1969 et… franco-algérien.

Mon premier rapport au monde arabe a en effet eu lieu lors du tournage de Z, à Alger, avec une production franco-algérienne. C’était peu d’années après l’indépendance. Il y avait une grande volonté de développer le cinéma et le film s’est fait avec des techniciens algériens qui ont commencé ainsi. Depuis, le cinéma du monde arabe en général a évolué et donne des œuvres très intéressantes, comme Timbuktu d’Abderrahmane Sissako ou plus récemment Much loved de Nabil Ayouch, un film marocain coproduit par la France, qui est le seul pays européen à réellement s’intéresser à ces films et à les financer.

Vous-même avez produit des films de réalisateurs d’origine arabe…

Oui, notamment Mehdi Charef, depuis les années 1980. Je l’avais alors repéré grâce à son très bon roman sur la jeunesse de la banlieue française. Avec ma femme Michèle, qui dirige notre maison de production à Montreuil, je l’ai convaincu d’en écrire le scénario et de tourner l’adaptation. Lui qui travaillait à l’usine, c’était son premier film, intitulé Le Thé au harem d'Archimède [Prix de la jeunesse à Cannes en 1985 et César de la meilleure première œuvre en 1986, ndlr].

Vous avez également produit "Maintenant, ils peuvent venir", l'un des films à l’affiche du festival. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est le premier long-métrage de Salem Brahimi, qui a été mon assistant à ses débuts. Le film parle de l’Algérie pendant les années noires, dans les années 1990, une période très dure. C’est un beau scénario, de qualité, à découvrir en avant-première lors du festival du film franco-arabe.